Quartier Latin de l’Afrique, laboratoire de la démocratie de l’Afrique, berceau du Vodoun…, le Bénin peut s’enorgueillir de ces valeureux qualificatifs qui le placent dans l’imaginaire collectif et dans les faits comme une terre d’exception(s) et de prestige. Riche d’une histoire marquante et d’un patrimoine culturel envié, le Bénin se distingue depuis 1990 en Afrique par son aptitude à élargir le champ des possibles en matière démocratique grâce aux alternances politiques négociées sans heurts et plébiscitées par le monde.
Aujourd’hui, ce label « Made in Bénin » doit s’orienter vers le développement économique et le bien-être des Béninois, qu’ils soient à l’intérieur du pays, ou de la diaspora et de tous ceux qui aspirent à y résider et à faire vivre l’idée d’un pays accueillant et hospitalier, fort de potentialités économiques, culturelles et touristiques.
La diplomatie apparaît, de ce point de vue, comme un formidable instrument d’accélération de développement économique, de valorisation culturelle et touristique et de rayonnement international. A cet effet, les réorientations diplomatiques engagées par le Président Patrice TALON et du Ministre Aurélien AGBENONCI vont dans le sens d’une politique étrangère dédiée au développement et à la place du Bénin dans le concert international des nations. Les récentes mesures de réaménagement de la carte diplomatique et de l’amplitude de nos ambassades à l’étranger permettront de mieux saisir l’action de nos diplomates et d’apprécier ainsi l’efficacité du déploiement des nouveaux engagements du Bénin hors de nos frontières.
Pays sous-développé, classé 160/186 à l’indice de développement humain, la diplomatie béninoise doit clairement se mettre au service du développement économique et de la lutte contre la pauvreté et la précarité des populations. Elle doit afficher l’ambition d’attirer des investisseurs internationaux et des partenaires internationaux. Ce processus interpelle à la fois les plus hautes autorités du pays, mais également nos administrations publiques, nos centres de formation car la diplomatie ne doit pas être un objet isolé.
La « destination Bénin » gagnerait ainsi en visibilité avec des ambassades efficaces qui vont à l’assaut des marchés économiques et des opportunités commerciales en adéquation avec les besoins et attentes de notre pays. Ainsi, la diplomatie économique du Bénin s’attachera à promouvoir des relations plus poussées avec les pays émergents à fort potentiel tels que le Maroc, le Rwanda, le Nigeria, l’Afrique du Sud, mais aussi la Turquie, l’Indonésie, la Thaïlande, Singapour. Sans contester les relations classiques avec les pays du Nord comme la France, les Etats-Unis ou l’Angleterre, il est utile de rappeler que ces coopérations au développement, même si elles ont le mérite d’exister, doivent faire place à des relations plus justes, fondées sur le respect mutuel et l’équité sur les questions de souveraineté.
Notre diplomatie doit également être touristique et culturelle. Il n’est point besoin de rappeler la richesse variée et constamment en évolution de notre patrimoine culturel. A ce titre, les ministères en charge de ces politiques publiques doivent, avec le ministère de tutelle de notre diplomatie, « vendre » notre destination en assurant les besoins vitaux de ceux qui viendraient chez nous : capacités d’accueil et hôtelières selon les standards internationaux, sécurité des biens et des personnes, mobilité routière et maritime assurée, fourniture d’énergie ou encore connexion internet fluide.
Il nous faut aussi restaurer nos sites historiques et culturels d’envergure : palais royaux, parcs et réserves animales, forêts sacrées, temples et musées d’art, Ganvié, Route de l’Esclave à Ouidah, pour ne spécifier que ceux-là. Ainsi, le Bénin qui entretient des liens séculaires, du fait de la traite négrière et de l’esclavage, avec plusieurs groupes ethniques dans le monde pourrait redynamiser sa coopération avec Haïti, la Martinique, la Guadeloupe, la Louisiane, Cuba, le Brésil…
Il apparaît que la diplomatie est un instrument transversal pour promouvoir notre pays, touchant la culture, le tourisme, l’économie, mais aussi la formation et l’enseignement. Il nous appartient tous d’y travailler.
Je ne peux terminer sans évoquer l’absolue nécessité que le Bénin aura dans les années futures en Afrique. Fort de nos atouts, il est important que la diplomatie béninoise prenne le leadership sur les questions de prévention et résolution des crises, de bonne gouvernance et de démocratie sur le continent. La vocation de notre diplomatie doit être tournée vers l’Afrique et l’intégration africaine.
Cela commence par le renforcement de nos organisations sous-continentales et la présence de cadres béninois dans ces instances régionales. Le Bénin y a toute sa place et la capacité de tirer notre continent vers le progrès économique et social, la souveraineté alimentaire, l’agriculture durable, la transition écologique, la révolution numérique, la paix et la démocratie. La seule clé d’accès à ces vœux est l’intégration africaine car notre avenir est africain et en Afrique, le continent des futurs possibles.
Cette tribune a été publiée dans un rapport de suivi de l’action gouvernementale du Bénin encadré par le Groupe « Les Aiguilleurs de la République ». J’y ai été sollicité en tant qu’expert des questions diplomatiques et internationales.