L’Organisation mondiale de la Santé vient d’établir le nombre effarant de de 3093 victimes de la fièvre hémorragique Ebola en Afrique de l’Ouest sur 6574 malades atteints du virus ravageur. La fulgurance de la propagation virale et les impacts psychologiques dans les pays frappés comme le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée et dans une moindre mesure le Nigeria sont tels qu’il aurait été adéquat de faire face grâce à une mobilisation rapide et efficace du continent et des institutions.
Pourquoi cette absence de réaction spontanée des pays africains ? Pourquoi, constamment, solliciter la communauté internationale occupée à expédier les affaires du monde et concentrée sur la lutte contre le terrorisme et les conflits dans le monde ?
Une épidémie gérée par les « autres » ?
Plusieurs longues semaines après le déclenchement de la propagation d’Ebola, l’Europe par le biais de la Commission a débloqué une aide de 140 millions d’euros afin que l’Organisation Mondiale de la Santé puisse participer au développement des traitements expérimentaux contre l’épidémie. De son côté, le président Barack Obama a promis d’envoyer une forte mission militaire et médicale et une aide financière substantielle car pour les Etats-Unis , il y a une urgence à prendre de front Ebola.
A la tribune de l’ONU devant un parterre de dirigeants africains et internationaux, le président américain confirme ceci :« En Afrique de l’Ouest, Ebola est désormais une épidémie d’une ampleur jamais vue auparavant. C’est une spirale qui menace d’être incontrôlable ; c’est pire de jour en jour. L’épidémie se répand très vite, d’une manière exponentielle. Aujourd’hui, des milliers de gens en Afrique de l’Ouest sont infectés et bientôt ce sont des dizaines de milliers qui pourraient l’être. Et si l’épidémie n’est pas enrayée immédiatement, nous pourrions avoir des centaines de milliers de personnes infectées avec des conséquences politiques graves, des implications pour l’économie et pour la sécurité de tous. Donc c’est une épidémie qui n’est pas seulement une menace pour la sécurité régionale, c’est une menace potentielle pour la sécurité internationale. Si ces pays s’effondrent, si leur économie s’effondre, si les gens paniquent, cela aura des conséquences graves pour nous tous même si nous ne sommes pas directement contaminés par cette maladie »*. Les défis attendus sont lourds et débordent littéralement de la question sanitaire.
Et l’Afrique, spectatrice affligée ?
Il serait injuste de penser que les pays affectés sont restés inactifs malgré la modestie de leurs initiatives par rapport à l’ampleur du mal. Le Liberia, la Guinée, le Mali et la plupart des pays ouest-africains ont lancé des campagnes de sensibilisation pour exhorter leurs citoyens à la prudence, avec un succès limité dans la prise de conscience de la contamination. La Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) souhaite s’armer d’un dispositif sous-régional en cas de propagation de l’infection sous le contrôle de l’Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique centrale . Mais globalement, l’Union africaine se retrouve démunie et désarmée face à cette épidémie. Elle réalise les effets psychologiques sur les populations, la perte de confiance et la fuite des investisseurs dans ces nations mal protégées, l’aggravation de crises politiques latentes et une image d’un continent déjà entamée.
Une stratégie intégrée et continentale face à Ebola
La santé est un domaine prioritaire et devrait être inscrite au premier plan au même titre que l’éducation et la promotion agricole en Afrique dans l’élaboration des politiques publiques nationales et les programmes continentaux. L’Union africaine fait des efforts qui méritent d’être amplifiés doit travailler à un investissement massif dans la recherche médicale et épidémiologique. Des campagnes de prévention des maladies tropicales et épidémies doivent être réalisées. Il est autant nécessaire d’investir dans la recherche médicale que le développement d’énergies renouvelables. L’Afrique doit faire front contre Ebola de façon coordonnée et professionnelle, avec le soutien de partenaires internationaux si possible, mais toujours avec sa propre logique et ses spécifiques enjeux de santé.
* Propos Rfi